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Jean-François MERCURIO (1956
- 1990),
un militant au service d'idées, un homme
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Association Centre de Recherche de Langue
de Signes - Poitiers |
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Difficile, voire
impossible de résumer Jean-françois
MERCURIO en quelques lignes... imposible
de l'enfermer, de le réduire... et nous
ne souhaitons pas le faire. Nous pouvons
seulement donner quelques repères et
quelques images fortes.
Jean-François MERCURIO, marié à une
jeune femme sourde et père d'une petite
fille sourde n'a pas hésité à tout lâcher
(famille, maison, travail) pour répondre
à la proposition de l'association
nationale 2LPE et devenir enseignant
sourd à Poitiers. En effet, sa découverte
de la philosophie de l'association Deux
Langues Pour une Education, sa rencontre
avec des professionnels, des parents et
des sourds militants de cette association
avaient permis à ses aspirations et à
ses idées personnelles de s'épanouir,
de prendre forme et de s'exprimer dans un
engagement politique. Etre enseignant
sourd, en LSF, dans une école maternelle
publique de l'Education Nationale, auprès
d'enfants sourds était, en 1984, un acte
politique et humain fort.
Pédagogue inné et reconnu, il a vite
trouvé sa place au sein de l'équipe pédagogique
de l'école.
Sa rigueur, son niveau d'attente et d'ambition
pour les enfants sourds, son exigence, sa
qualité de relation et d'écoute auprès
des parents, sourds et entendants,
amenaient chacun à dépasser ce qu'il
prenait pour ses propres limites.
Militant infatigable au sein de 2LPE
Poitiers et de 2LPE nationale, il est
vite devenu l'interlocuteur avisé et
intransigeant des diverses
administrations locales et nationales (ministères
de l'Education Nationales, de la Santé,
les DASS, mairies,...). Fin politique et
stratège, il a su forcer l'écoute puis
l'admiration de ses nombreux
interlocuteurs. Il a ainsi rapidement
acquis un statut d'homme politique sourd
au plan national et même international.
A l'aise dans les hautes sphères de la
politique, il est pourtant toujours restré
proche des militants de base, de la
communauté sourde, de ses pairs,
soucieux de permettre à chacun, à son
niveau, de progresser.
Sa dignité, son intégrité, sa fierté
de parent, de militant et de
professionnel sourd, son enthousiasme et
sa volonté d'aller de l'avant
bousculaient le conformisme dans tous les
domaines. Il savait être dérangeant,
voire déstabilisant au besoin, pour
permettre à l'autre, parent, enfant, ou
professionnel, administratif ou politique,
sourd ou entendant, d'aller de l'avant.
Il était refus de la lâcheté, du
consensus mou et du compromis, de la
vision médical et réparatrice de la
surdité, du handicap.
au délà des catégories et des découpages
(parent, professionnel, sourd, entendant,...),
il était homme, au service des idées,
aussi exigent envers lui-lême qu'envers
les autres.
Il était, et il reste, le symbole fort
de la fierté de l'homme sourd, citoyen
sourd à part entière, avec ses droits
et ses devoirs, symbole des droits de l'Homme. |
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Pour
l'association Deux Langues Pour une
Education Centre-Ouest,
Présidente, Cathérine TEXIER, le 21 mai
2000 |
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